Cheikh Lô, c’est d’emblée une drôle de gueule. Attrayante, unique. Des Ray Ban vissée sur un profil taillé à la serpe. Une minceur extrême enveloppée par les dreadlocks que lui impose son appartenance à la confrérie musulmane des Baye Fall ; un large collier de cuir tressé, qui protège du mauvais oeil. A ce bouclier spirituel, Cheikh Lô a ajouté une touche personnelle : tuniques brodées, manteau redingote en coton tissé qui coiffent un jean à déchirures calculées prolongé par des baskets à motif pop art. Eventuellement, il portera un chapeau. Il est swag.
Le décor sert d’écrin à la voix. Et la voix de Cheikh Lô est unique, cosmopolite, gracieuse, gracile, haute et distillée en filet.
Elle peut aussi virer subitement vers les graves de l’afro-beat, car le Nigérian Fela Kuti ici aussi a frappé le Sénégal et le Burkina-Fasso.
Et notre Cheikh a travaillé en 2010 avec le batteur historique de l’afro-beat, Tony Allen.
Cheikh Lô a quarante ans de musique dans les dread-locks. A ses débuts, il était batteur. « De Bobo Dioulasso à Dakar », résume l’homme tranquille. Né en 1955 dans la deuxième ville du Burkina Fasso, où son père était bijoutier, le Sénégalais illuminé y fait ses premiers pas d’orchestre avec le Volta Jazz. L’ensemble, un des meilleurs de l’Afrique de l’Ouest de l’après-indépendance, revisite la chanson cubaine, les classiques du Congolais Tabu Ley Rochereau et créé les conditions du bal à la manière créole. Ils sont douze, derrière le saxophoniste et chanteur Mostapha Maïga, tous d’âges, d’ethnies, de nationalités différentes.
Cheikh Lô est un enfant de cette Afrique-là, enthousiaste, sahélienne, créative.
Revenu à Dakar en 1978 pour travailler à la Société des transports du Cap-Vert (SOTRAC), passé par la Côte d’Ivoire, il vit à Paris à la fin des années 1980 l’expérience décalée de batteur de studio avec passage chez Papa Wemba. Repéré, comme il est de coutume en matière de musique africaine, par le producteur Ibrahima Sylla, il enregistre trois albums sur le label Syllart Records. Il est entre temps passé à la guitare et découvert d’autres continents – le reggae jamaïcain, mais surtout le funk, qu’il mélange aux rythmiques sénégalaises du mabalax ou au high-life ghanéen...
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